Léonce Corne en 1962

Grincheux a un passé

Léonce Corne (1894-1977) était un acteur français connu pour sa longue carrière au cinéma, en particulier dans des seconds rôles. Il a joué dans plus de 150 films entre les années 1930 et 1970, incarnant souvent des personnages sévères, bureaucratiques ou acariâtres. Son talent pour incarner des personnages à la fois bourrus et attachants a fait de lui un acteur récurrent du cinéma français, mais presque toujours dans des rôles très courts.

Il a cependant participé à de nombreux projets nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Même dans le film collaborationniste Forces Occultes, Léonce ne décroche que le petit rôle du « Frère second assesseur » qu’on aperçoit pendant la cérémonie d’intronisation du protagoniste dans la franc maçonnerie. Un dernier et furtif plan nous révèle plus tard qu’il est également le Sous-gouverneur. Pour autant, sa participation, si modeste soit-elle, à ce film de propagande grossièrement ficelé pour dénoncer la soi-disant mainmise de la société secrète et des juifs sur le monde pèsera lourd dans la balance pour la Commission d’épuration du Spectacle qui ne pourra pas ignorer non plus son rôle du producteur Bleustein dans Les corrupteurs, aux côtés de Raymond Rognoni, et encore moins l’un des rôles principaux dans six sketches de Pierre Ramelot : Monsieur Girouette et la guerre de Cent Ans. La sentence est pourtant légère : après une suspension initiale dans les premiers mois de 1945, il écope de deux mois de suspension supplémentaires à compter du 15 janvier 1946.

Longtemps après, l'une de ses contributions les plus remarquables a été son travail dans le deuxième doublage français de Blanche Neige et les sept nains, fait en 1962, où il a prêté sa voix à Grincheux (Grincheux. Son interprétation a permis de saisir la nature grincheuse mais finalement chaleureuse du personnage, ce qui en a fait un personnage à part parmi les nains. La voix profonde et légèrement bourrue de Corne correspondait parfaitement au comportement irritable de Grincheux, mais il a également su transmettre la tendresse cachée du nain, en particulier lors de son au-revoir à Blanche Neige.

Il a également été la voix française de Groucho Marx dans plusieurs films.

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