Information
Nom complet : Noëla Flips
Naissance : 23 décembre 1899 à Château-Chinon, France
Mort : 29 novembre 1984 à Paris, France
Mariages :
Raoul Paul Arnold Pignol (26 juin 1928 - 7 février 1938)
Léon André Pignol (18 mars 1943 - 28 mai 1962)
Travail sur Blanche Neige :
Voix de la sorcière dans la deuxième version française

Mlle Flips au théâtre
Née deux jours avant noël 1899 à Château Chinon d’un père commis d’architecte et d’une mère au foyer dont elle adoptera le prénom pour la scène, Noëla Flips, qui deviendra « Mary Francey », puis « Marie Francey », homonyme de « Français ».
Elle fait partie, semble-t-il, de la troupe du théâtre de l’Odéon dans les années 1920.
Le 13 août 1927, « la charmante Mary Francey » joue Ophélie dans Hamlet, représenté au Palais des Papes d’Avignon. Le 23 août, elle joue Pétrarque et Laure de Mme François Vaucienne, devant Édouard Daladier (alors ministre, bientôt Président du Conseil) dans le même endroit, et ce au côté de l’acteur Raoul-Henry.
En janvier 1928, on trouve pour la première fois le nom de « Marie Francey » dans un article de Comœdia, relatant la représentation de la pièce La ruée vers l’amour, avec Albert Lambert, et Raoul-Henry. 6 mois plus tard, Marie épousait ce dernier.
Lorsqu’elle se marie avec Raoul Pignol, artiste dramatique sous le pseudonyme de Raoul Henry (le nom de sa mère), elle demeure au 6 de la luxueuse rue du Laos, non loin de la Tour Eiffel, et est déjà « artiste dramatique » sur les papiers officiels. On ne sait si le mariage a été longtemps heureux, mais Marie joue souvent avec son mari sur scène dans les années à venir.
Ainsi, en septembre 1928, il joue le Dr. Jean Monray, et « Mary Francey » joue Cécile Desbiens dans Le mortel baiser de Loïc Le Gouriadec à l’Alhambra de Lille.
Le 20 avril 1929, elle joue Oreste de René Berton au théâtre antique de Cherchell en Algérie au côté de Raoul Henry. Elle joue ensuite, toujours avec lui le 11 août 1929 Impéria aux arènes de Saintes. On la présente comme faisant partie de la troupe du théâtre de l’œuvre. Le 9 octobre au Gymnase de Marseille, elle joue Prise, toujours avec Raoul.
En hiver 1928-1929, elle suit avec Raoul la compagnie Jean Hervé dans une tournée en Égypte.
On la retrouve en octobre 1930 au théâtre de la Madeleine dans le rôle de la conscience de Sacha Guitry dans Un soir, quand on est seul, et dans Le veilleur de nuit, toujours de Sacha Guitry. En octobre 1931, elle joue « La femme sans Voile » aux Variétés de Marseille.
Le 9 août, retour à Saintes pour jouer Penthesilée d’Alfred Mortier, avec Raoul Henry. En mars 1932, la voilà de retour avec Sacha Guitry dans Le voyage Tchang-Li; les desseins de la providence au théâtre de la Madeleine où elle joue une religieuse.
Toujours avec Guitry, on peut également l’entendre à la radio dans le rôle de La Guimard dans une comédie musicale intitulée Mozart le 15 novembre 1935. Elle joue aussi avec lui dans Despote et Grand Seigneur.
La voix des vedettes
L’arrivée du cinéma parlant lui offre rapidement l’opportunité de se spécialiser dans une discipline où elle excelle : le doublage, technique utilisée dès les origines, mais qui ne se perfectionne techniquement qu’à partir de 1933 environ. Marie double en effet rapidement des premiers rôles de femmes de caractère, et devient rapidement la voix attitrée de Marlene Dietrich, Claudette Colbert, Barbara Stanwyck ou Carole Lombard.
C’est en septembre 1934 qu’elle est mentionnée dans le magazine de cinéma Pour Vous dans la critique du film L'impératrice rougeen parlant de Marlene Dietrich :
« Elle est excellement doublée par Mlle Marie Francey, qui a presque copié ses intonations et dont la voix s’harmonise avec l’image de Marlene Dietrich ; la prononciation de certaines phrases sans timbre est parfaite. »
On retrouve également des articles laudatifs la concernant à propos de cette même prestation dans L’Information Financière, Économique et Politique.
Dans L’Œuvre du 23 novembre 1934, la critique de Cléopâtre est :
« une artiste accomplie, Mlle Marie Francey, dont nous ignorons la figure et qui prête sa voix à l’image de Claudette Colbert avec un talent qui déjà s’affirmait dans L'impératrice rouge".
Le 20 juin 1935, Pour Vous la mentionne de nouveau à la sortie de La femme et le Pantinavec Marlene Dietrich, comme était l’actrice « qui la double habituellement » et publie sa photo le 12 septembre 1935.
L’Œuvre du 24 octobre 1935 nous apprend qu’elle a doublé Les croisades de Cecil B. DeMille au côté de Richard Francoeur.
Le rédacteur de L’Excelsiordu 8 mai 1936 s’essaie à l’exercice de voir la version originale et la version doublée de Désir avec Marlene Dietrich et en conclue :
« nous avons pu apprécier la qualité du doublage, où tout, même la voix de Marlene, grâce à Mme Marie Francey, semble être la voix même, sourde et monocorde, prenante d’ailleurs, de la célèbre vedette. »
Une opinion partagée… par Marlene elle-même qui, lors d’une visite à Paris aux studios Paramount, a pu voir son film en version doublée et qui « a été ravie de la façon dont Marie Français a doublé sa voix. »
On la cite :
« C’est vraiment très bien, dit-elle, en quittant la salle de projection. Je n’en reviens pas… C’est extraordinaire comme Mlle Francey, dont la voix ressemble réellement beaucoup à la mienne, a « saisi » mes inflexions et jusqu’à mes moindres murmures ! Je considérais, en tant qu’artiste, le doublage un peu comme une hérésie jusqu’à maintenant. En venant voir mon film doublé, je ne pouvais me défendre, a priori, d’une certaine appréhension. J’avais tort. Car je puis dire que je ne suis en rien déçue. »
Pour une artiste, il est difficile d’obtenir meilleur compliment. L’anecdote est d’ailleurs de nouveau résumée dans Le Matin du 31 juillet, et dans La Liberté du 1 août 1936.
L’Intransigeantdu 2 décembre 1937 ne tarit pas d’éloge sur la version doublée du film Ange, une « réussite technique et artistique ».
Le 15 décembre 1937, Natalie Pilenko écrit un grand article pleine page intitulé Dans la cité des voix sans visageoù elle a observé Richard Francoeur et Marie dans leur discipline et a été « frappée de l’amour qu’ils avaient de leur travail. » De Marie, elle nous dit qu’
« elle est connue du grand public par la façon parfaite dont elle est parvenue à imiter la voix de Marlene, cette voix monocorde et détimbrée, difficile entre toutes. »
On trouve même un article de Didy Gluntz dans Pour Vous du 12 septembre 1935 qui lui est entièrement dédié, bien qu’elle y soit nommée de nouveau « Mary Francey ».
On y décrit « son mince visage, son fin sourire, son regard humide ».
Alors que le doublage cesse d’être une nouveauté, le nom de Marie Francey disparaît des journaux, bien qu’elle continue une riche carrière dans cette discipline au point de faire la une de L’intransigeant encore le 20 juillet 1939.


Retour aux planches
Marie divorce de Raoul Henry en 1938, et épouse 5 ans plus tard, à Sanary-sur-Mer, ce qui semble être un membre de la famille de son ex-mari : Léon Pignol, avec lequel elle restera mariée jusqu’en 1962, juste avant son enregistrement du rôle de la sorcière dans Blanche Neige.
Marie semble s’être fait oublier durant l’occupation en vivant dans le sud de la France, et resurgit en 1948, elle joue, sous le nom de Mary Francey, avec Fernand Ledoux la pièce Monsieur de Claude Gével à Nice, au théâtre de du palais de la Méditerranée. Ses activités après cela semblent lui avoir fait retrouver le chemin de Paris.
Ainsi, On la retrouve sur les planches à partir du 6 avril 1950 au théâtre Montparnasse-Gaston Baty dans Voyageur sans bagage, aux côtés de Maurice NasilMichel Vitold et Héléna Manson.
Elle joue en 1951 Ce soir à Samarcande au théâtre de la Renaissance avec Georges Hubert. Elle joue ensuite dès le 3 janvier 1953 La Duchesse d’Algues au théâtre Michel. Sacha Guitry l’engage pour jouer au théâtre des variétés dans Palsambleu dès le 28 mars 1953.
L’année suivante, elle joue avec Jeanne Boitel Une femme… des hommesà Nice la semaine du 10 février 1954.
On la retrouve aussi aux Célestins à Lyon en novembre 1955 dans le rôle d’une duègne dans Ruy Blas. En 1957, elle joue le rôle de Mémée Regrets éternels de Constance Coline au théâtre de l’œuvre en 1957.
Ses rôles dans le doublage se tournent alors également à l’époque vers des voix de femmes plus matures avec, parmi les premiers rôles, ceux de Joan Crawford, Bette Davis, y compris dans des productions de prestige comme Ève et Sueurs froides.
C’est encore Sacha Guitry qui lui offre sa première apparition, cette fois-ci au cinéma, en 1954 comme dame de la cour dans Si Versailles m'était conté, elle rempile dans deux petits rôles dans Si Paris m’était conté en 1956.
Télévision
Il faut apparemment attendre le 22 août 1961 pour voir Marie apparaître à la télévision dans Les cochons d’Inde, où elle joue une marchande de poissons et où l’on retrouve également Jean Daurand.
Elle joue ensuite le rôle d’Angelica dans Le Cheval Chinois au théâtre Charles de Rochefort, et la pièce est également retransmise à la radio le 5 novembre 1961.
En 1965, elle foule les planches de L’Alhambra de Paris avec Bourvil et Annie Cordy dans l’opérette Ouah-Ouah. En 1969, elle est au théâtre Hébertot dans Bienheureux les violentset en 1973 dans Le voyageur sans bagage aux Mathurins.
Elle apparaît aussi dans la pièce Carlos et Margueriteadaptée dans l’émission Au théâtre ce soir. Elle y joue la servante Léa le 2 mai 1969.
Elle joue Rose Ytier dans l’épisode L’auberge de Peyrebeille de la série En votre âme et consciencele 8 juillet 1969 qui reconstitue le procès des aubergistes du hameau de Peyrebeille qui a eu lieu en 1833, devant la cour d'assises de Privas.
Elle apparaît encore une dernière fois dans le premier épisode de Un ours pas comme les autres, intitulé Adieu les roses, du 10 mars 1978.


La sorcière dans Blanche Neige
A l’été 1962, on lui offre le rôle de la sorcière dans le nouveau doublage de Blanche Neige et les sept nains. Elle transcende le rôle et terrorise des générations d’enfants avec son jeu parfait qui ne ménage en rien le spectateur. Cela restera l’un de ces rôles les plus célèbres avec celui de l’extraterrestre E.T. dans E.T., l'extra-terrestre.
J’ai prêté ma voix à Claudette Colbert, Irene Dunn, Barbara Stanwyck. Carole Lombard est l’une des plus difficiles, car elle fait des grimaces en parlant. Mais vous savez, on arrive, au bout de quelques séances, à attraper jusqu’au moindre tic du modèle.
Marie Francey