Information sur la production
Dates de sorties : 26 mai 1961 (États-Unis)
Studios : Twentieth Century Fox & Chanford Productions
Réalisation : Walter Lang
Scénario : Noel Langley, Elwood Ullman & Charles Wick
Musique : Lyn Murray, Harry Harris & Earl K. Brent
Production : Charles Wick
Direction de la photographie : Leon Shamroy
Direction artistique : Maurice Ransford & Jack Martin Smith
Montage : Jack W. Holmes
Distribution principale
Blanche Neige : Carol Heiss
Curly-Joe : Joe DeRita
Larry : Larry Fine
Moe : Moe Howard
Le Prince : Edson Stroll
La Reine : Patricia Medina
Conte Oga : Guy Rolfe
Rolf : Michael David
Hordred le chasseur : Buddy Baer
Le Roi Augustus Edgar Barrier
Capitaine : Peter Coe
La nurse de Blanche Neige : Marie Blake
Narration : Paul Frees
Voix du miroir magique : Paul Frees
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Blanche Neige sur patins
Il s’agit là d’un concept particulièrement original : l’histoire de Blanche Neige où celle-ci ferait du patin à glace, et où les sept nains seraient remplacés par un trio de comiques, les trois stooges (comprenez « les trois compères ») dont la popularité n’est jamais arrivée jusqu’à l’hexagone. Ils avaient commencé leur carrière avec la Columbia dans les années 1940, et bénéficiait au début des années 1960 d’une popularité renouvelée grâce à la rediffusion de leurs films à la télévision. On décide alors de leur faire tourner leur premier film en couleurs et en Cinemascope.
Bien que Disney ait racheté la 20th Century Fox bien des années après la sortie de ce film, cette production n’a a priori que peu de rapport avec le film de Walt Disney Blanche Neige et les sept nains. Or, non seulement elle est inévitablement influencée par le célèbre dessin animé, mais on trouve plusieurs personnes, éléments scénaristiques ou détails visuels qui ont un rapport direct avec lui.
Tout d’abord, le film s’ouvre sur un livre richement enluminé, une habitude instituée par Blanche Neige. On retrouve un plan de hibou effrayant Blanche Neige dans la forêt, bien que l’ajout incongru d’un cougar soit une indéniable originalité. La Reine, contrairement au conte, mais conformément à la version de Walt Disney, ne se rend qu’une seule fois à la maison des nains et son unique arme contre la jeune Princesse est la pomme empoisonnée, négligeant ainsi le peigne et le lacet de l’histoire originale. Elle se transforme également en sorcière grâce à une potion magique, bien qu’elle soit encore plus proche de l’iconographie de la sorcière typique de conte de fées avec un chapeau pointu et un balai avec lequel elle peut voler. Elle se transformera d’ailleurs de nouveau une fois sur place en une représentation datée d’une vendeuse gitane.
La jeune fille elle-même porte un nœud dans les cheveux et des manches bouffantes, largement après que ces ornements des années 1930 ne soient passés de mode. Le film se termine enfin sur une image des personnages principaux se dirigeant vers un château baigné de lumière.
D’autres éléments moins évidents ont un lien avec le dessin animé. Blanche Neige chante ici avec la voix de Norma Zimmer, et le Prince a la voix de Bill Lee. Ce duo est le même que l’on peut trouver, sans que leurs noms soient mentionnés, dans les enregistrements du disque dirigé par Tutti Camarata et sorti à peine deux ans après la sortie du présent film. Toujours dans le domaine musical, on retrouve aux commandes Lyn Murray, qui sera l’un des premiers compositeurs à arranger un album entier des chansons de Blanche Neige en 1944 avec le Decca A 368). Enfin, Mel Blanc, qui est censé avoir été testé pour prêter sa voix à Simplet, la prête dans ce film à la marionnette Quinto, et Paul Frees, collaborateur habituel de Disney, parle pour le miroir magique et raconte l'histoire.
La jolie Carol Heiss est médaillée d’or des jeux olympiques de 1960 et plusieurs fois championne du monde. Elle s’acquitte du rôle de Blanche Neige avec compétence malgré son manque d’expérience en tant qu’actrice.
Edson Stroll avait déjà travaillé avec les Stooges, au milieu de sa carrière de beefcake, rôle dont il s’acquitte ici parfaitement dès sa première scène en exhibant ses magnifiques pectoraux dans un décolleté qu’aurait pu lui envier sa partenaire. Le Prince a d’ailleurs un rôle bien plus important dans cette production, car là où celui de 1937 était handicapé par la contrainte de l’animer de façon réaliste, le Monsieur Belle-Gueule musclé de ce film se paie le luxe de voir son histoire d’orphelin développée depuis l’enfance et de bénéficier de scènes de duel à la Les aventures de Robin des Bois. C’est d’autant plus un exploit si l’on considère qu’une des contrainte du film était de réserver assez de temps d’écran au trio vieillissant, malgré leur total manque de rapport avec l’histoire canonique.
Le gros budget du film semble avoir été relativement irréfléchi. Certes, il permet d’avoir dans un film scope et couleurs des images de patinage sur un lac avec des effets de miroir fabuleux, des vedettes de patinage et de l’écran, et des chansons mémorables. Mais le concept lui-même condamne le film à de la série B, alternant sans cesse entre des bons sentiments très « premier degré », et de l’irrévérence envers le conte par des comiques condamnés à se moquer de tout, y compris de leur propre âge. Le film ne choisit jamais son camp.
Dès lors, le succès ne sera pas au rendez-vous aux États-Unis, et il ne fera guère mieux ailleurs : il sera distribué en Angleterre avec le titre alternatif Blanche Neige et les trois clowns, par manque de popularité des vedettes principales, et malgré une sortie en pays hispanophones et en Italie, le film ne sera même pas distribué en France, où il ne sortira qu’en 2012 en DVD, avec un doublage réalisé pour l’occasion.