Lucille La Verne Mitchum est née à Nashville, Tennessee, le 7 novembre 1872. Elle avait 64 ans au moment du doublage.

Les débuts sur scène

Elle a fait ses débuts sur scène au théâtre d'été local en 1876. La production s'appelait "Centennial" en l'honneur du 100e anniversaire de l'Amérique, et la petite Lucille, âgée de trois ans, faisait partie d'une poignée d'enfants figurants dans la pièce. Elle a continué à jouer chaque été, devenant en quelque sorte l'enfant star du théâtre. Elle s'est rapidement révélée être une actrice talentueuse et, en vieillissant, elle a obtenu de meilleurs rôles. Très applaudie lorsqu'au cours de l'été 1887, elle joue alors à la fois Juliette et Lady Macbeth - à seulement 14 ans.

Le soir de son 16ème anniversaire en 1888, elle fait ses débuts à Broadway avec un rôle secondaire dans "Tosca" pendant quatre semaines. À l'automne 1889, elle se produit avec une compagnie de théâtre à Washington, DC, où elle joue May dans "May Blossom" et Chrissy Rogers dans "The Governess". Elle a également joué le rôle d'Ethel dans "Judge Not" en tournée. Sa performance la plus marquante a été la reprise à Broadway de "As You Like It" avec une distribution entièrement féminine en mars 1894, et elle a été très applaudie pour son interprétation de "Corin". Au cours de la saison 1894-95, elle joue le rôle de Patsy dans la production de Frank Mayo à Broadway de "Pudd'nhead Wilson" de Mark Twain. Elle remporte également un grand succès en jouant les premiers rôles féminins dans trois différentes productions en tournée acclamées au cours des trois années suivantes : "Notre Dame" (1895-96), "La Case de l'oncle Tom" (1897-98) et "L'éventail de Lady Windermere" (1897-98). En 1898, La Verne est nommée gérante et directrice de l'Empire Theater nouvellement construit à Richmond en Virginie. Elle met en scène cinq spectacles par saison, et reçoit la plupart du temps des critiques élogieuses. Elle a tout joué, des rôles principaux dans "Hedda Gabbler" et "Antigone" aux rôles de personnages tels que "Ma Frochard" dans "The Two Orphans" (Les deux orphelines). Elle a également écrit une adaptation de "A Christmas Carol" de Charles Dickens, qu'elle a mise en scène pour la première fois en 1900, et sa version a été utilisée par plusieurs autres théâtres au début des années 1900. Elle est très appréciée pour son travail à l'Empire, et reçoit même le prix de la femme de l'année de la Virginia Women's Society en 1901.

Elle quitte l'Empire Theater à la fin de la saison 1903-04 pour faire ses débuts à Londres dans un second rôle comique dans la pièce "Clarice". Elle est de nouveau acclamée et répète son succès dans la production de Broadway trois mois plus tard. Elle est restée un élément essentiel de la scène de Broadway pendant les années suivantes dans des seconds rôles marquants.

Le cinéma

Elle fait ses débuts au cinéma vers 1915 dans Over Night adapté d'une pièce où elle avait joué. À partir de cette date, elle partage son temps entre le cinéma et la scène. D.W. Griffith l'utilise fréquemment au cinéma pour divers rôles dans Les deux orphelines, La rose blanche, et Pour l'indépendance. Elle joue aussi au côté de Gloria Swanson dans Zaza, d'Olga Petrova dans Soirée tragique, et The life Mask, et pour Josef Von Sternberg dans Une tragédie américaine, où elle joue la mère aimante d'un Phillips Holmes détestable, etc.

Les deux orphelines
Sun-up

Sun-up

Son plus grand triomphe sur scène a été la création du rôle de la veuve Caggle dans la production originale de Broadway de "Sun Up". Celle-ci voit avec horreur son fils partir en guerre alors qu'elle a déjà perdu son mari à la précédente. Le fils est tué au front, et elle doit cacher un déserteur chez elle dont elle apprend que c'est le fils de l'assassin de son mari. Après l'engagement à Broadway, elle a dirigé, tout en continuant à jouer, les tournées américaines et européennes de la pièce. Ainsi, elle se produit à Londres devant le Roi le 13 août 1925 et à Paris aux Mathurins en juin et juillet 1929. C'est d'ailleurs à cette occasion que le critique de Comoedia nous apprend qu'elle a les cheveux roux. Elle a également recréé son rôle pour la version cinématographique Sun-Up (1925).

En 1927, le Princess Theater de Broadway est rebaptisé Lucille La Verne Theater en son honneur, et elle est nommée directrice et metteur en scène. Pour sa première sortie en tant que productrice et réalisatrice à Broadway, elle choisit une pièce originale intitulée "Hot Water", se donnant le rôle de Jessica Dale. La pièce a reçu des critiques mitigées et a été fermée assez rapidement. Plus tard, au cours de la même saison, elle lance une reprise de "Sun Up" en reprenant son rôle de la veuve Caggle, mais la pièce est également fermée rapidement. Le théâtre ayant perdu de l'argent, elle est licenciée en tant que directrice et le nom du théâtre redevient le Princess Theater. Bouleversée, elle s'installe provisoirement en Californie pour tourner d'autres films.

Le parlant

C'est de nouveau D.W. Griffith qui lui offre sa transition vers les films parlants avec le court rôle mais remarquable de la sage-femme dans Abraham Lincoln. Elle n'abandonne cependant pas complètement la scène et apparaît fréquemment dans des productions régionales à Los Angeles et San Francisco. Elle tourne des rôles marquants pour John Huston dans Deux femmes, et pour Jack Conway dans une adaptation de Dickens, Le marquis de Saint-Evremond, pour la MGM. Dans ce dernier, elle retrouve un rôle similaire à celui des Deux orphelines, où elle apparaît édentée, sale et décoiffée. Mais cette fois, le son permet d'entendre son rire diabolique, celui-là même qui n'a pas dû manquer d'attirer l'attention de Walt Disney. Cependant, si l'on en croit l'Imdb, ce serait elle qui aurait prêté sa voix à la sorcière de la Silly Symphony Les enfants des bois (Babes in the Woods), et, plus surprenant, à la femme de Noé dans L'arche de Noé. Si c'est exact, cela prouverait qu'elle savait également chanter. Cependant, Russell Merrit et J.B. Kaufman ne confirment pas l'information dans leurs ouvrages sur le sujet, mais ils ne listent pas d'autres personnes pour ces personnages.

En 1936, elle revient à Broadway dans le rôle principal du thriller "Black Widow". Malgré les critiques élogieuses qu'elle a reçues, la pièce elle-même a reçu des critiques mitigées et a été fermée après seulement quelques représentations. Ce sera sa dernière production sur scène.

Le marquis de Saint-Evremond

La Reine de Blanche Neige

La Verne retourne à Hollywood pour prêter sa voix à la méchante Reine dans le premier film d'animation de Walt Disney, Blanche Neige et les sept nains et pose également pour servir de modèle aux animateurs. Pour les répliques du personnage jeune, elle tente de rendre sa voix aussi suave et menaçante que possible, et pour jouer le rôle après transformation, elle retire son dentier. Mais cette anecdote mainte fois contée ne doit pas faire oublier la vie qu'elle insuffle au personnage, grâce à un talent qu'elle n'avait alors plus besoin de prouver.

Lucille LaVerne n'a pas prêté que sa voix au personnage. C'est en tout cas ce qu'affirme Joe Grant dans une interview de David Johnson qui, bien qu'il reconnaisse que la conception du personnage ait précédée l'engagement de LaVerne, reconnait s'être inspiré de ses expressions pour la model sheet finale.

Après avoir travaillé sur le film, Lucille La Verne s'est retirée du métier d'actrice et est devenue copropriétaire d'une boîte de nuit à succès. Elle est décédée à l'âge de 72 ans d'un cancer, le 4 mars 1945, à Culver City, en Californie.