« Le Soir » est un quotidien généraliste belge de langue française fondé en 1887 par Émile Rossel. Il est encore publié de nos jours et a donc été le témoin de toutes les sorties de Blanche Neige et les sept nains. L’article du 10 août 1951 est quelque peu critique quant à la qualité du film, après la sortie de Cendrillon. Celui de 1962 affirme que Bruxelles aurait été la première ville d’Europe à voir Blanche Neige, mais nous confirme que les normes de projections des années 1960 impliquaient que l’on coupât le haut et le bas de l’image, ce que l’auteur déplore.

« Blanche-Neige » par Anonyme (10 août 1951)

La reprise de Blanche Neige , de Walt Disney est de celles qui plaisent- toujours à ceux, grands et petits, qui ont apprécié ce beau conte animé. L'image, vue à la lumière des dernières réalisations, telle Cendrillon, peut sembler parfois manquer de relief et d'achèvement. Pour juger ce film, il ne faut pourtant jamais oublier qu'il fut le premier dessin animé à long métrage à être porté à l'écran. Il consacra définitivement la réputation du cinéaste et créa du coup une nouvelle imagerie, qui cette fois-ci n'était pas faite d'animaux cocasses ou charmants, mais de figures humaines, réelles, ou à peine déformées par la caricature.

Si le Prince Charmant par exemple manque de relief, et si le même reproche peut être fait, en plus mitigé, à la figure de Blanche-Neige, Disney réussit une étonnante composition avec la Sorcière. Mais là où il se surpasse — en ne tenant pas compte du délicieux bestiaire formé par les petits animaux —c'est lorsqu'il crée les nains et leur donne d'emblée une personnalité telle qu'aucun d'entre eux ne peut être confondu avec l'autre.

Avec eux, l'étude de caractère entre définitivement dans le dessin animé. Et lorsqu'il combine ses personnages dans cette étonnante danse de Blanche-Neige et des nains, il arrive à une virtuosité qu'il n'a peut-être plus dépassée. Aussi peut-on saluer en ce film le fait que le succès populaire ait couronné la valeur artistique.

« Une reprise : Blanche-Neige » de S. (21 décembre 1962)

Pour ceux qui virent Blanche Neige de Walt Disney lors de sa parution — le film fut présenté en première vision européenne à Bruxelles — cette bande dessinée a à peine vieilli et est restée une merveille du cinéma, où l'on s'accoutume pourtant rapidement aux miracles. Les critiques émises à l'époque restent valables, la principale s'adressant aux personnages humains non caricaturés, auxquels on reprochait leur aspect artificiel. Il est permis de déplorer, en outre, que la reprise actuelle se fasse sur écran large, ce qui revient à mutiler systématiquement les images, au grand dam de leur qualité.

Cependant, la présentation actuelle n'enlève rien à l'aspect divertissant du film ni à sa fraîcheur. Nul doute que Blanche Neige continuera à faire les délices des petits, et aussi des grands qui, pareils à La Fontaine, prennent un plaisir extrême si « Peau d'Âne » leur est conté.

Sans doute y a-t-il eu, depuis Blanche Neige, d'autres dessins animés de grande qualité, les uns émanant de Walt Disney lui-même, d'autres provenant de réalisateurs appartenant à des pays divers. Mais ce film restera toujours la première réussite entière du genre. C'est à ce titre qu'on peut le qualifier de chef-d'œuvre, épithète qu'il reçut à sa parution et dont il n'a pas démérité depuis.