Information
Nom complet : Lucienne Ariane Desirée Rouvier
Naissance : 9 janvier 1908 à Paris, France
Mort : 7 octobre 1977 à Mimizan, France
Mariage :
Paolo Federico Garretto (1927-1939?)
Travail sur Blanche Neige :
Voix de la Reine dans Blanche Neige et les sept nains raconté par François Périer (ALB9) 1955

Une Reine kidnappée
Elle naît Lucienne Anne Désirée Rouvier dans le 9ᵉ arrondissement de Paris, fille de la danseuse étoile Marceline Rouvier et d’un père non déclaré. Mais pour la scène, elle choisira le nom de celui que tous savaient être son véritable père : le célèbre ténor Lucien Muratore.
La vie de Muratore avait déjà des allures de drame. Marié à la soprano Marguerite Bériza en 1908, il n’obtient son divorce que le 28 novembre de cette année. Pendant quatre ans, il vit avec Marceline, puis s’en sépare – lui versant une pension alimentaire, l’aidant à retrouver son poste à l’Opéra (qu’elle avait quitté à sa demande) – avant d’épouser la légendaire Lina Cavalieri en mai 1915.
Des années plus tard, Muratore emmène l’enfant en Italie. Le 10 juillet 1924, alors qu’il est encore marié à Cavalieri, il tente de la faire reconnaître légalement. Cavalieri, loin de s’y opposer, s’entendrait à merveille avec Marceline. La fuite elle-même tient du mélodrame : passeports annulés, sauf-conduit spécial obtenu auprès du maire d’Avignon, et traversée en bateau via Monaco, avec les deux femmes à ses côtés.
Mais l’affaire devient bientôt un scandale public. Le 24 novembre 1926, Comoedia rapporte que Marceline a porté plainte, et qu’un jugement du tribunal de la Seine, rendu la veille, a empêché Muratore de reconnaître l’enfant. Même la date de naissance prête à controverse : le 29 janvier dans la presse, contre le 9 janvier dans les documents officiels. L’histoire fait assez de bruit pour atterrir en une du Chicago Tribune le 25 novembre 1926.
Dans Aux écoutes du 3 avril 1927, le magazine indique que la Première Chambre Civile a confirmé le jugement le 28 mars, et affirme que Muratore avait même envisagé de marier sa fille à Alexandre Jacques Bariatinsky, fils de sa compagne de l’époque – une idée qui, heureusement, n’aboutira pas. Le même article précise que la jeune Ariane suivait des cours de peinture chez Mme Putana et qu’elle avait été jugée « consentante » à son enlèvement, une décision qui désespéra sa mère. En tout cas, le 28 janvier 1939, Le Figaro n’hésite pas à la présenter comme la fille de Muratore au moment où débute sa carrière cinématographique.
Sa vie est déjà un scénario. En 1927, elle épouse l’affichiste italien Paolo Garretto, et le 20 février 1932, leur fils Jean Ezio Garretto naît à Rome. Des décennies plus tard, il deviendra directeur des programmes de France Inter. Le mariage ne dure pas ; à la fin des années 1930, ils se séparent, et Paolo se remarie aux États-Unis le 4 mai 1940.
De 1937 à 1963, Ariane Muratore – son nom de scène – se partage entre cinéma, radio et télévision. Sa carrière prend de l’essor, ses rôles deviennent assez importants pour que Pour Vous publie son portrait lors du tournage de Jeunes filles en détresse (alors encore intitulé La loi sacrée). Mais la Seconde Guerre mondiale interrompt son ascension : elle anime des émissions radiophoniques pendant le conflit, et ne retrouve ensuite que des seconds rôles.
Sa voix, toutefois, restera. Forte de son expérience radiophonique, elle incarne la méchante Reine dans l’un des tout premiers disques du Petit Ménestrel : L’Histoire de Blanche Neige.
Sa vie extraordinaire s’achève loin des opéras et des plateaux de cinéma qui l’avaient façonnée. Elle meurt à Mimizan, le 7 octobre 1977.