Les deux facettes du Mal

La Reine est un personnage très paradoxal. Walt Disney a pris un personnage typique de conte de fée, obnubilée par le fait de rester la plus belle de son royaume, pour en faire le méchant hollywoodien par excellence.

Mais le paradoxe du personnage réside également en sa dualité. Sans la continuité du récit, on aurait peine à croire que la femme du début du film est la même que celle de la deuxième partie, car dans le but de garder sa beauté, la Reine fait elle-même en sorte de la perdre sciemment et se transforme en vieille et laide sorcière. Cette situation nous offre cette scène surréaliste où, alors qu’elle vient d’empoisonner Blanche Neige, le vieux laideron s’écrit alors « Maintenant, c’est moi la plus belle ! »

Mais au-delà de l’apparence, tout change dans le personnage : sa démarche, sa distinction, qui ont nécessité des animateurs différents ; sa diction… Là où la souveraine s’adresse parfois à ses différents interlocuteurs en vers, la sorcière adopte plus volontiers un phrasé courant, avec des accents qui frisent parfois le faubourg.

C’est pourtant une seule actrice qui fournit sa voix mais avec un jeu très différent. La transformation nécessitera d’ailleurs plusieurs actrices dans bien . des doublages étrangers.

La Reine devait apparaître dans plusieurs scènes qui ont été coupées à différents stades de productions. Elle devait notamment emprisonner le Prince dans un donjon, mélanger son breuvage empoisonné avec un fémur humain dans un chaudron, et autres péripéties.

Conception

Dans le projet d'ébauche du 22/10/1934, la Reine est décrite comme "...... Un mélange de Lady Macbeth et du Grand Méchant Loup - Sa beauté est sinistre, mûre, pleine de rondeurs - Elle devient laide et menaçante lorsqu'elle manigance et mélange ses poisons - Les fluides magiques la transforment en vieille sorcière - Son dialogue et ses actions sont exagérément mélodramatiques, à la limite du ridicule."

On le sait, avec le temps, l’équipe s’éloignera de plus en plus de ce concept initial, tiré des canons précédents de l’animation où un personnage complètement sérieux et effrayant n’existait pas, à une époque où un dessin animé était un prétexte pour aligner des gags.

Joe Grant sera responsable des versions finales des versions de la Reine. Un modèle, probablement Sylvia LaMarr, tournera les scènes initiales du personnage qui inspireront les animateurs Arthur Babbitt , et Robert Stokes principalement. Pour la sorcière, d’autres modèles ont été engagés, à commencer par Lucille La Verne, qui ne donnera pas satisfaction, et qui sera principalement remplacée par Don Brodie. Nestor Paiva et Paul Godkin semblent avoir également tourné dans ce but. Ce sont les animateurs Norman Ferguson et Frank Kelling qui se partagent la plupart de ces scènes.

La Reine par Joe Grant
La Reine par Romano Scarpa

Le patrimoine de la Reine

Dès 1937, la reine sans nom du film est baptisée Grimhilde dans l'adaptation en bande dessinée. C'est un media où le personnage va prospérer : la Reine revient dans bien des histoires où Blanche Neige est parfois absente avec des histoires dessinées par Tony Strobl, et surtout Romano Scarpa.
Mis à part quelques apparitions dans Qui veut la Peau de Roger Rabbit ? ou d'autres productions anecdotiques, la Reine revient en force dans la série Tous en boîte et dans une version humoristique dans la série Le monde merveilleux de Mickey.
Elle est incarnée par Gal Gadot dans le remake de 2025.
On ne compte plus les produits dérivés à son effigie ont été produits, des statuettes, des poupées, des découpages et bien sûr une infinité de livres, dont certains épousent son point de vue de l'histoire, comme le livre de Serena Valentino Miroir, Miroir.